Haut potentiel, douance, HPI ... qu'est-ce que c'est ?

Haut potentiel, multipotentiels, atypiques, HPI ... de quoi parle-t-on ?

 

Etre Haut Potentiel ou HPI (Haut Potentiel Intellectuel), c'est être doté d'une intelligence particulière, différente.

La première caractéristique généralement évoquée est celle du quotient intellectuel (QI) qui se révèle supérieur à 130 alors que la moyenne est aux alentours de 100. Mais cet indice peut être trompeur et ne reflète qu'une faible partie de la réalité.

Ce qui caractérise un haut potentiel, c'est surtout son mode de pensée différent (très rapide, incessant, le plus souvent en arborescence), son intuition, sa compréhension extra lucide du monde qui l'entoure, son hypersensibilité et son émotivité souvent à fleur de peau, sa grande empathie ... mais aussi sa façon d'être dans les extrêmes (besoin absolu de respect des valeurs, joie exacerbée ou au contraire tristesse intense proche de la détresse, perfectionnisme menant au doute et au manque de confiance).

 

Des études neuroscientifiques démontrent incontestablement des différences structurelles et fonctionnelles au niveau cérébral chez les personnes intellectuellement précoces par rapport aux autres individus : des connexions neuronales plus nombreuses, une vitesse de connexion et de traitement de l'information très élevée, une activité cérébrale très intense et permanente ... Etre doté d'un haut potentiel, ça n’est donc pas une utopie, ou de la prétention, ou encore de l’orgueil ... ou quoi que ce soit d'autre de cet ordre là !

Qu'est-ce qui caractérise une personne haut potentiel ?

- Sa pensée fulgurante, ininterrompue, dite en arborescence. Le haut potentiel pense par association d'idées (une pensée en amène une autre qui fait elle-même le lien avec une autre situation et ainsi de suite, par opposition au mode de pensée séquentiel ou déductif). Et il pense très vite : les associations fusent. Le cerveau n'est jamais au repos : difficile de s'endormir ou même de faire une simple pause ...

- Son hypersensibilité. Les émotions sont à fleur de peau et dans les extrêmes. La joie devient un véritable état d’excitation tant dis qu'une simple déception peut se transformer en une énorme vague de détresse

- Sa très grande lucidité sur les événements et le monde 

- Sa capacité d'empathie très élevée qui se traduit par un comportement très affectif et rend la personne haut potentiel à la fois atypique et attachante

- Son intuition (très liée au mode de pensée et à l'hypersensibilité) qui lui donne cette capacité particulière de sentir et de savoir très vite ce qu'il faut faire

- Sa mémoire impressionnante, tant à court terme que sur des événements passés et lointains

- Son sens de l'humour souvent très développé

- Son hyperesthésie (c'est-à-dire un ressenti exacerbé des 5 sens) qui peut faire dire des choses surprenantes comme de "sentir le goût sucré dans son pied" ou "des épluchures de crayon dans la gorge"

- Son sens aigu des valeurs comme la justice, le respect, l'honnêteté qui lui confère un caractère pointilleux, intransigeant, perfectionniste à l'extrême

- Sa forte tendance à être aux prises avec le doute, le manque de confiance en soi et l'anxiété (face à l'imprévu, au défaut de connaissance ou à une organisation déficiente)

- Son besoin absolu de donner du sens à chaque action et surtout à la(sa) vie.

 

Bref, chez le haut potentiel, rien n'est jamais à moitié ... c'est tout ou rien, dans les extrêmes. C'est donc complexe, difficile à vivre et fatiguant ... épuisant ! Tant pour la personne que pour son entourage. Mais c'est aussi tout un monde de passion, de créativité, d'humour, de générosité ... puisque le meilleur est développé et offert au maximum.

Plus particulièrement chez l'enfant

Chez les enfants, la précocité se repère par :

- L'acquisition de la parole très tôt (vers 1 an/ 1.5 ans) avec des phrases complètes, du vocabulaire riche et recherché

- Une mémoire phénoménale dès le plus jeune âge (à 3 ans, l'enfant peut se souvenir d'un parking souterrain où il n'est allé qu'une seule fois ... il y a 6 mois)

- Une grande curiosité avec un attrait particulier pour tout ce qui permet d'apprendre ou de découvrir (les nouveaux lieux, les musées, les discussions sur l'histoire ou les sciences ...) et un questionnement permanent sur le sens de la vie (les origines de la vie, la mort, l'univers, la formation des océans ...)

- Une forte empathie qui donne à l'enfant une étonnante conscience de ce qui se passe autour de lui et l'amène à réagir avec beaucoup d'émotions  

- Une hypersensibilité émotionnelle qui se traduit par des bourrasques et des tempêtes d'émotions qui débordent au quotidien au moindre contexte de frustration, d'injustice, de fatigue, d'anxiété, de jalousie ... etc. Au contraire, une simple joie ou la perspective d'un moment de plaisir peut provoquer un état d'excitation démesuré ... De quoi épuiser et décourager les parents !  

- L'ennui qui arrive très vite, surtout à l'école puisque l'enfant intellectuellement précoce comprend et mémorise très vite

- La négociation permanente, pour aller jusqu'au bout du raisonnement et de la logique implacable mais qui est souvent comprise comme de l'insolence, du refus d'obéissance et de la rébellion

- L'anxiété face aux situations imprévues et inconnues

- Une grande capacité de suradaptation qui peut masquer l'ennui et le mal-être. Certains enfants parviennent à masquer leur douance et leur ennui à l'école, au moins en primaire, et déchargent à la maison leur trop plein d'émotions contenus toute la journée. Pour d'autres, c'est l'inverse.

- La recherche de plus grands et plus âgés que soi pour accéder à des discussions et des activités plus intéressantes !

Pas facile à vivre au quotidien car les enfants haut potentiel ont un fonctionnement cérébral bien au-delà de leur âge physique alors que leur capacité émotionnelle correspond tout juste à l'âge qu'ils ont  réellement (voir est un peu en retrait), ce qui crée chez eux un grand écart très complexe à gérer. Mais les enfants haut potentiel sont des personnages très singuliers et vraiment intéressants pour peu qu'on s'intéresse au sujet et qu'on comprenne cette particularité. Leur façon d'être, de penser, d'agir les rend très attachants.

 Il y aurait entre 2 et 3% d'enfants intellectuellement précoces, d'après les études et les recensements. Ils sont probablement plus nombreux car on identifie surtout ceux qui ont suscité un motif de consultation ... Il y a donc tous les autres, qui vont bien ou parviennent à traverser l'enfance et l'adolescence sans trop de heurts mais qui peuvent se découvrir au cours de leur vie adulte (au gré des rencontres, des lectures ou d'un incident de parcours ...).

Test et bilan neuropsy

"Etre détecté" ... "Se faire tester" ... des expressions qui interrogent et qui font souvent peur. De quoi parle-t-on ? A quoi ça sert ? Qu'est-ce que ça change ?

Le test est adapté en différentes versions selon l'âge de la personne : WPPSI pour les enfants de moins de 6 ans, le WISC jusqu'à 16 ans et le WAIS pour les adultes.  Les données sont  interprétées selon les échelles de Wechsler.

 Le test fournit un QI qui donne une première indication chiffrée mais qui, à elle seule, est trop restrictive et ne permet pas de poser un diagnostic ! Le QI doit être complété par une analyse détaillée et personnalisée des résultats des autres composantes du test (compréhension verbale, raisonnement perceptif, mémoire de travail, vitesse de traitement). Pour l'adulte, un test de personnalité complète l'analyse et la compréhension du profil.

 

Pour les enfants et les adolescents, le test, quel que soit son résultat, est une vraie richesse pour poser des mots sur un vécu, des comportements, des réactions, des interrogations. Savoir, c'est pouvoir agir de façon cohérente. C'est ôter les doutes et être en capacité de s'adresser aux professionnels de santé en fonction des besoins et dans les temps opportuns. C'est  pouvoir aborder le sujet de façon factuelle avec les enseignants. C'est aussi avoir les éléments pour informer l'entourage et modifier petit à petit le climat familial.

 

Chaque adulte, quant à lui, reste le meilleur arbitre pour décider de passer le test ou pas, après avoir échangé avec ses proches et les professionnels dans ce domaine (psychologues et neuropsychologues).

Et alors ... après le bilan neuropsy, qu'est-ce qu'on fait ?

Dans le tourbillon des difficultés que peuvent rencontrer les enfants et les adultes haut potentiel, l'attention essentielle à avoir est sans conteste la bienveillance.

Pour rassurer, comprendre, donner confiance, réduire l'anxiété, accompagner vers un avenir serein et souriant, les enfants haut potentiel ont avant tout et surtout besoin de se sentir aimés, d'avoir un cadre stable et sécurisant. Il faut donc savoir entendre, écouter, parler, verbaliser les émotions, manier l'humour avec subtilité (gare aux susceptibilités !) et montrer son amour inconditionnel car le réservoir d'amour se vide très vite chez ces enfants-là. Mais il faut aussi savoir poser fermement les limites, donner un cadre et s'y tenir quoi qu'il arrive, limiter les choix pour couper court aux inévitables négociations et les amener rapidement vers la responsabilisation en étant ferme sur les objectifs mais souple sur les moyens. 

Les adultes ont aussi besoin de beaucoup de bienveillance pour se sentir en sécurité. Ils ont besoin de sentir qu'ils sont compris, acceptés avec leurs différences pour pouvoir faire confiance. C'est seulement quand cette confiance sera acquise qu'ils pourront se lancer dans une démarche de développement personnel  (psychothérapie, sophrologie, coaching ... etc) qui les accompagnera pour mieux comprendre qui ils sont, comment ils fonctionnent, quelles ressources internes ils peuvent mobiliser pour gagner en confiance, quelle technique est la mieux adaptée pour "dompter" ce cerveau bouillonnant et gagner en sérénité.